Ça y est, le rendez-vous est pris. Il n'aura suffi que de quelques échanges par e-mail, sur un ton strict mais très courtois et rassurant, pour que je sois convoqué au Terrier. Une grande première pour moi, la promesse de découvrir un univers qui m'émeut intérieurement depuis si longtemps. Et la certitude de le découvrir par la grande porte, celle de madame aXelle de Sade.
Dans la présentation du Terrier que j'ai pu lire, un mot-clé m'avait immédiatement interpellé : la possibilité d'y être reçu dans une alcôve de la Vénus à la fourrure. Je l'avoue, je suis en effet sensible à cette paraphilie particulière, la "doraphilie", qui consiste à être attiré par la fourrure. Vraie ou fausse, cette matière s'est imposée à mon psyché et à ma découverte de la sensualité, de la volupté, de l'amour, depuis aussi longtemps que je me souvienne, sans que je ne m'explique pourquoi.
C'est un fétichisme bien souvent lourd à porter. Dans les années adolescentes, alors que les camarades collectionnent les posters de pin-ups dénudées, on ne les rêve que sous d'épais manteaux. Et on se demande si ça tourne vraiment rond. Et puis, il y a évidemment le dégoût des méthodes de confection, le difficile accès à la matière elle-même (ça coûte cher), le regard des proches...
Mais le roman de référence de Leopold von Sacher-Masoch, La Vénus à la fourrure, est sous-titré "ou les confessions d'un suprasensuel". J'ai en effet le sentiment que cette paraphilie a éveillé tous mes sens. La fourrure, c'est pour moi un parfum, un toucher, un regard. J'aime évidemment le côté "animal" qu'elle confère, sa sensualité, ce pouvoir aussi. Je comprends que le sujet puisse diviser. Au fil des années, j'ai toutefois découvert que cet attrait n'était pas si rare, et qu'il existait tout un fond érotique et pornographique à son sujet.
Ce que je ne savais pas, en prenant rendez-vous, c'est à quel point les heures qui me séparaient de mon entrée dans le Terrier me paraîtraient longues. C'est littéralement le coeur battant à 200 à l'heure que j'ai vécu les trois jours qui m'attendaient encore, avec l'impression de tomber malade et de ne pas pouvoir assumer la séance. Je me suis finalement présenté le jour J devant les grilles de mes futures geoles, en finissant de m'annoncer par téléphone. La voix est d'emblée rassurante et courtoise, autoritaire mais juste. Je me sens porté d'un nouvel élan, et c'est presque comme un automate que j'ai franchi les derniers mètres me séparant du territoire de madame aXelle de Sade.
Sitôt le seuil franchi, une voix stricte m'enjoint à emprunter l'escalier en colimaçon. Je découvre madame aXelle de Sade, superbement vêtue d'un manteau de fourrure jaune vif, sur une combinaison en cuir. L'effet est immédiat, je suis subjugué et sous son emprise. Je dépose ma veste et Elle m'ordonne de m'agenouiller sur le tapis, au centre de la pièce. J'ose quelques timides regards de part et d'autre pour découvrir une surprenante collection de martinets, paddles ou cravaches parmi un décor à couper le souffle, éclairé par une lumière naturelle. Je suis donc à genoux, les yeux baissés, pendant que ma maîtresse m'explique les règles d'usage et les safe words. Je me les répète en pensée, espérant être capable de faire face à cet environnement enivrant sans avoir à les utiliser.
Ma venue coïncide avec un fait réel : j'ai pris du retard dans mes tâches professionnelles, j'ai procrastiné et j'ai rendu des dossiers à la bourre. Madame aXelle de Sade m'explique qu'elle a été commanditée par mon employeur afin de procéder à quelques mesures coercitives pour que cela ne se reproduise pas. Les châtiments corporels étant interdits sur les lieux professionnels, ils se sont tournés vers Ses services afin que je sois sévèrement recadré.
Je dois me mettre debout puis m'aligner devant l'impressionnant carquois en bois. A genoux, je passe les poignets dans les orifices puis la tête. Madame aXelle de Sade referme le couvercle, je ne peux plus bouger ni lever la tête. Elle me demande quelle a été la durée de mon dernier retard. "Sept jours", bredouillai-je. "Alors ce sera 70 coups de cravache", m'assène-t-elle tout en saisissant trois instruments de diamètre différent. Madame aXelle de Sade se positionne derrière moi, je sens son manteau et son parfum se répandre près de mon cou, elle défait ma ceinture et baisse mon pantalon, puis mon caleçon. Je suis entravé, les fesses nues.
Les premiers coups cinglent bien vite. Je dois les compter à voix haute. Madame aXelle de Sade est une experte, elle sait alterner les cibles en dosant équitablement les forces. Elle me tourne autour, vient positionner ses cuissardes près de mon visage pour faire durer la morsure des coups précédents. Arrivé à 25, je me dis que le dernier tunnel va être dur à négocier. Les coups commencent à se superposer, la douleur devient mordante. Mais c'est avec la volonté de me montrer digne de celle qui me dresse aujourd'hui que je fais face et que j'arrive au bout du compte.
Madame aXelle de Sade m'explique qu'on ne va pas en rester là et que la punition doit être plus marquante. Alors que je suis toujours entravé dans le carquois, elle me met sous les yeux un plug anal de bonne taille. Je comprends où il va finir. Elle me libère et je dois me déplacer jusqu'au lit central, sous une poutre. Un masque y pend, avec des sangles : je dois y passer la tête, puis je suis fermement maintenu. Mes déplacements deviennent très réduits, j'ai les yeux bandés et je ne peux plus tourner la tête. Madame aXelle de Sade me demande de m'appuyer sur le lit, puis elle m'enlève mon pantalon et mon caleçon. Je sens du lubrifiant, puis un doigt. Un premier plug prend rapidement la relève et imprime des va-et-vients. Je sens l'excitation monter, aXelle de Sade le remarque aussitôt, je suis mortifié quand elle le signale.
Je sens ensuite qu'elle se positionne face à moi, je devine sous les quelques millimètres de jour que m'autorise mon bandeau qu'elle enfile un gode-ceinture. Elle me demande d'ouvrir la bouche, je me mets à le sucer progressivement. Madame aXelle de Sade m'encourage et parvient immédiatement à trouver le délicat équilibre entre l'autorité et une attitude plus rassurante. Après quelques minutes, elle arrête et vient se repositionner derrière moi. Je monte une jambe sur le lit, elle me pénètre et je sens là encore son manteau à chaque à-coup. En même temps, elle commence à caresser mon sexe qui vient vite au bord de l'explosion. "Fuck you like an animal" de Nine Inch Nails passe en fond sonore.
Après quelques minutes, je dois m'agenouiller sur le tapis central, en levant les fesses. Madame aXelle de Sade reprend la pénétration, sévèrement, et continue de me toucher. Timidement, je demande ce que j'encours si j'éjacule. Elle me dit que je serai puni si je le fais sans son autorisation. L'excitation monte de plus en plus, elle n'a pas besoin d'en dire plus pour que je me répande misérablement. Madame aXelle de Sade me relève et m'attache dos à la croix de St-André. Elle m'annonce que j'ai gagné 100 coups de martinet. Pendant une dizaine de minutes, elle alterne les modèles, les matières et les formats, en touchant le torse, les cuisses et les parties génitales. Je dois compter à voix haute chacun d'entre eux, je ne cesse de me répéter le décompte pendant les pauses à chaque changement d'instrument, pour ne pas risquer un supplément. Arrivé au 99ème, aXelle de Sade décide de prendre un fouet. Le coup est sec et mordant, j'en conserverai avec fierté la marque pendant plusieurs jours.
La séance touche à sa fin, madame aXelle de Sade m'allonge sur le lit et m'applique une pommade sur la peau, dans des gestes tendres et rassurants. Je me rhabille ensuite, je la salue et je remonte les marches, un dernier regard plongé dans celui, sévère, de la maîtresse de ces lieux, bien certain que ce ne sera pas la dernière fois que je les emprunterai.
COMPTE-RENDU DU 14 FEVRIER 2019
Huit jours plus tard, la sentence tombe par e-mail. Je ne lui ai toujours pas adressé mon compte-rendu de séance et aXelle de Sade entend bien me punir pour mon retard. Pour huit jours de retard, j'ai du recopier 80 fois "Je ne dois pas oublier d'envoyer le compte-rendu de séance dès que possible afin d'être le plus exhaustif possible lorsque je relate ma rencontre avec ma maîtresse aXelle de Sade", entièrement nu, avec un plug anal. Je me suis empressé de répondre à la demande ... et de lui adresser ce compte-rendu !
COMPTE-RENDU DU 6 MARS 2019
La sentence est tombée, implacable, par e-mail. Pour toute la journée, madame aXelle de Sade contrôle mon accès aux toilettes, son emprise s'immisçant ainsi davantage dans ma vie personnelle bien que, depuis la première seconde déjà, mes pensées, mes faits et mes gestes ne répondaient déjà qu'à son bon vouloir. Je n'avais à ma disposition que cinq moments précis où je pourrais me rendre sur le trône, celui qui me correspond. Le premier d'entre eux fut aussi le plus naturel : à 8h00, je m'étais levé depuis quelques dizaines de minutes et l'attente n'a pas posé de problèmes particuliers. Tenir jusqu'à la prochaine échéance fut, en revanche, une autre paire de manches. J'ai du multiplier les contractions pour tenir jusqu'à l'heure-dite, les dernières minutes m'ont paru des heures. J'ai ensuite pu travailler plusieurs heures avant de profiter d'un autre moment, à 16h00, et l'attente m'a paru bien moins longue. Par souci de plaire à ma maîtresse et me conformer à ma punition, j'ai tenu le rythme jusqu'aux deux séances suivantes. Je suis conscient qu'une nouvelle sanction pourrait me rappeler à l'ordre à tout moment.
COMMENTAIRE D'AXELLE DE SADE :
J'ai reçu séverinFox dans le Terrier il y a un mois exactement. J'ai des vagues souvenirs de sa prestation. Certainement trop étoile de mer... C'est ce que j'ai noté sur les comptes-rendus que je fais moi-même après chaque séance.
Néanmoins, séverinFox a su faire preuve de motivation dès sa 1ère séance éducative : il a choisi de poursuivre l'expérience à distance. Il a eu le droit à deux punitions dont nous avons les récits. Il parle beaucoup de lui, mais ne mentionne jamais pourquoi il devait le faire et pour qui. Je compte sur lui pour faire amende honorable la prochaine fois que nous nous verrons...