Bleu, bleu, l’amour est bleu… dit une vieille chanson…
En fait, chère aXelle, vous concernant, il faudrait mettre au pluriel : l’amour est bleus…
Et lors de notre dernière rencontre, ce fut surtout à l’intérieur de mes cuisses…
Du haut, jusqu’un peu au-dessus du genou ; des deux côtés, quoiqu’un peu plus du côté droit ; d’un beau bleu un peu sombre, qui, avec les jours, a tiré vers le noir comme vers le jaune, en un étrange arc en ciel, chaque jour différent…
La douleur a persisté, longtemps… Debout, assis, au repos, en mouvement, elle est restée présente, sournoisement présente, parfois tapie, inaperçue, et parfois se réveillant, inattendue, me ramenant alors brutalement à l’esprit la punition que vous m’aviez infligée.
Cela a bien duré trois semaines. Prolongeant d’autant cette belle rencontre de ce mois de décembre.
J’ai aimé cette douleur, j’ai aimé cette rencontre, et j’ai aimé pouvoir en garder ainsi longtemps le souvenir. Et peut-être est-ce parce que j’ai tant aimé ce moment, que j’ai eu du mal à prendre la plume pour en faire le compte rendu que je vous dois.
Ce fut un beau moment. Et pourtant tout semblait avoir mal commencé.
Quelques semaines avant, il m’était venu la fantaisie de vous faire quelques cadeaux. J’avais commencé égoïstement par un fouet, qui me paraissait fort beau, de cuir noir et rouge ; c’était égoïste, car j’espérais bien en profiter, mais c’était aussi un choix assez sûr : une déesse a toujours assez de soumis pour avoir l’usage de tels instruments.
Mais je fus aussi plus audacieux, voire indiscret. Avant l’une de nos précédentes sessions, vous m’aviez demandé de vous apporter bas et sous-vêtement. Je me sentis ainsi encouragé à vous faire parvenir deux strings, assez succincts pour, me semblait-il, mettre en valeur cette magnifique et centrale partie de votre corps splendide.
Vous n’avez pas aimé ; ils vous parurent inadaptés et peut-être fûtes vous choquée par cette liberté que je prenais à investir ainsi votre intimité.
Il y eut, avant notre rencontre, quelques mails assez secs ; et c’est avec inquiétude que je me présentai au jour convenu devant votre Trois Mats, imaginant que la punition que je recherchais naturellement serait vraisemblablement administrée avec la sévérité que l’agacement que j’avais pu susciter en vous appelait et qui risquait de dépasser douloureusement mes attentes.
Lorsque je fus à vos pieds, entièrement nu, esclave abandonné à vos caprices et sévices, la première tâche qui me fut assignée fut de vous habiller : enfiler vos bas sur vos longues et belles jambes qui hantent mes rêves, serrer ce corset de cuir qui souligne la finesse et l’élégance de votre ligne superbe, et surtout essayer l’un après l’autre ces strings dont vous doutiez qu’ils puissent convenir.
Il y eut un miracle : si vous aviez souhaité me faire la démonstration de l’inanité de mes choix, et en tirer argument pour aggraver la rigueur de la punition qui m’attendait… ce fut un échec : sans forfanterie, je peux le dire : ces strings, assez minimaux il est vrai, vous vont à merveille et vous fûtes, vous-même, amenée à le reconnaître.
Je fus soulagé de voir que votre irritation contre moi pouvait ainsi s’apaiser, sans pour autant imaginer que vous en seriez plus clémente. Et de fait, sans attendre, vous m’avez annoncé 45 minutes de punitions corporelles ; compter le temps, me dites-vous, est plus facile que compter les coups ; remarque aussi frappée (au coin du bon sens) que le soumis qui doit subir.
J’avais lu, dans le compte rendu d’un autre de vos heureux soumis, que celui-ci avait dû subir 50 minutes et il me parut injuste, voire vexant, de ne pas être traité de même. Avec bienveillance de votre part, ma requête fut acceptée et je fus ainsi voué à passer 50 minutes sous les coups de 10 instruments différents que vous alliez choisir avec soin.
Comme à l’accoutumé, je fus transporté de bonheur et d’excitation quand vous m’avez attaché, mains liées au-dessus de ma tête, barre d’écartement aux chevilles, dans la disposition me mettant bien totalement à la merci de vos coups.
J’adore ce moment ; vous êtes là, tout près de moi, votre corps frôlant le mien ; il y a de l’attention de votre part, une proximité toute de sensualité, et de douceur, et en moi l’attente incrédule de la douleur qui va venir ; conscience aigüe d’un temps suspendu, petit moment d’éternité entre plaisir et souffrance.
Vinrent les coups. Vous aviez choisi trois martinets, un paddle, deux cravaches, deux cannes, un fouet court, pour terminer avec le fouet long que je vous avais offert. Vous les aviez disposés soigneusement sur le canapé, petit soldats bien rangés en bataille, prêts, à votre main, à assaillir l’ennemi que représentait mon corps nu et entravé. Pour chacun cinq minutes, cinq minutes mesurées et affichées sur votre téléphone, posé lui aussi, bien à votre vue, comme à la mienne d’ailleurs.
Vinrent les coups. Le premier martinet ne fut que bonheur : appliqué sur le haut du corps, il ne fut qu’aimable et paisible stimulation. Mais tous les martinets ne se ressemblent pas et les suivants, que vous aviez choisis avec un sens affiné de la gradation, appliqués avec une saine et joyeuse vigueur, me firent peu à peu comprendre que le parcours serait peut-être plus sérieux que je ne l’avais imaginé.
Vinrent d’autres coups, encore d’autres coups, bien d’autres coups : paddle, cravaches, cannes anglaises. Vous frappiez fort, avec une prédilection particulière pour l’intérieur des cuisses, une des parties les plus sensibles de l’individu. Peu à peu, le jeu devint moins drôle, moins plaisant et la douleur plus vive ; j’avais les cuisses en feu. Peu à peu, j’entrais dans ces moments où l’on voudrait ralentir, raccourcir, arrêter, mais où l’on ne peut plus rien, et où l’on atteint cet état extraordinaire où l’on perçoit qu’une autre volonté, celle de la Maîtresse, celle du bourreau, s’est totalement substituée à la sienne, cet état où l’on n’est plus que chair pantelante s’agitant vainement dans ses liens, regardant frénétiquement le téléphone qui égrène ses secondes avec une lenteur de sénateur, et pensant amèrement qu’il eut mieux valu en rester aux quarante-cinq minutes initialement proposées. Pour le masochiste que je suis, il ne suffit pas d’avoir mal ; le vrai bonheur, le vrai soulagement, c’est d’en arriver au moment où l’on voudrait ne plus jouer, mais où il est trop tard pour cela et où l’épreuve se poursuit, inexorablement, implacablement, dans les larmes et le regret de s’être ainsi exposé, dans la douleur et le désespoir, …
Quand nous en vînmes aux fouets, ce fut le soulagement : difficile d’atteindre l’intérieur des cuisses avec un fouet ! Le premier, assez court, était assez cinglant, laissant sur le corps comme des piqures d’insectes, mais au moins, il épargnait les cuisses !
Pour le grand fouet, nous eûmes plus de temps : il y avait eu quelques « arrêts de jeu », trois minutes, qu’il fallait bien récupérer et qui furent ajoutées aux cinq minutes règlementaires…J’ai bien compris que l’exercice n’est pas si simple : l’instrument est lourd, il faut de la distance pour que la frappe soit assez forte, et il n’est pas toujours évident de savoir sur quelle partie du corps celle-ci va tomber. Mais vous avez bien apprivoisé l’engin et bientôt, à intervalles réguliers, je pus sentir ce long serpent s’enrouler sur mon torse laissant une belle et vive sensation de brûlure dans un claquement harmonieux et plein, évoquant celui de la balle de tennis quittant la raquette dans un coup droit décisif. J’ai beaucoup aimé. Vraiment beaucoup. Et de plus, ce n’était pas sur les cuisses !!! J’avais envie que l’épreuve dure et je ne vous cache pas que ce fut avec regret que je vis bientôt approcher le terme assigné.
Nous arrivâmes ainsi à la fin de la première épreuve.
Honnêtement, elle avait été rude !
Avec gentillesse, vous m’avez ensuite offert un bon moment de repos. Empaqueté dans du film plastique, couché sur le dessus de votre cage, et un crochet dans chaque narine me tirant la tête en arrière, je pus méditer sur le bonheur du bondage, la jouissance de l’immobilité absolue et la vie délirante des momies. Je vous entendais passer quelques coups de téléphone avec apparemment des interlocuteurs et des sujets tout à fait ordinaires, et je me demandais quel effet cela leur ferait s’ils pouvaient voir à côté de leur correspondante un soumis empaqueté et les cuisses en feu !!! Délicieux…
Au bout d’un long moment, vous m’avez libéré. Et vous m’avez envoyé revêtir string, bas et robe de soubrette, noire avec un peu de blanc… Assez surprenant, et pas si aisé que cela (surtout les bas). Vous avez admis que je ne mette pas la perruque. Je ne suis pas très habitué à me travestir ainsi, et l’image que le miroir renvoyait de moi me parut assez grotesque, mais j’avoue que la douceur soyeuse de ce court vêtement et le sentiment d’une transgression imposée me furent plaisants.
Je crois que vous vouliez à nouveau me battre. Il me fallait me pencher sur la cage afin d’offrir mes fesses à vos punitions. Je ne sais pas ce qui me prit alors : moi, qui ne suis guère un fanatique du plaisir anal, je fus alors saisi d’une envie féroce de m’offrir à vous de ce côté, ou plus exactement d’une violente envie que vous me preniez ainsi, que vous me possédiez, que vous m’abusiez. Ce n’était pas le moins du monde souci d’échapper à votre canne, pas davantage recherche d’un plaisir auquel je suis assez peu sensible. C’était plutôt un besoin soudain, un désir viscéral de me livrer complètement à vous, de me savoir vous appartenir totalement.
Je vous le demandai et vous fûtes un peu surprise, mais avec bienveillance vous avez accepté.
J’étais dans une sorte de délire ; il me fallait absolument vous sentir me pénétrer, être en moi ; je voulais ressentir physiquement que je vous appartenais totalement ; je voulais tout vous donner, tout vous livrer, tout vous abandonner ; je voulais être votre salope, votre pute...
Et je le fus.
Est-ce le temps qui a passé, le retard que j’ai mis à rédiger ce compte-rendu ? N’est-ce pas plutôt que je fus alors au bord de l’inconscience dans ce moment d’excitation et de fièvre ? Mais je n’ai plus de souvenir très précis. Vous fûtes en moi avec différents objets, et je me souviens surtout que vous avez prolongé le moment avec un crochet anal relié à une corde qui me tirait un peu vers l’arrière.
Oui, j’étais à vous, si totalement à vous.
Et puis, il y eut ce vibromasseur. Contre mon sexe. Contre votre sexe. Entre nos deux sexes. Un trait d’union, pas un obstacle. Je planais. Je sentais le plaisir monter. Et en donnant vous aussi l’impression qu’il montait également chez vous, vous me combliez. Avais-je les yeux fermés ou ouverts ? Un peu des deux ; vous ai-je demandé la spermission ? Je ne sais plus guère. J’étais au Paradis….
Et il y eut l’extase. Et vous me dites que vous l’aviez partagée, vous aussi.
Merci très chère aXelle.
Après… ce fut autre chose. Mais ce fut beau aussi. Un moment d’amitié, de tendresse, de douceur. Dans la salle du fond, allongé sur le lit, nous avons constaté les dégâts sur les cuisses et vous m’avez passé de la glace pour en atténuer les effets.
Sous le regard de Dieu. Votre chat. Témoin attentif et énigmatique de cet épilogue de ce qui fut une belle rencontre.
Il m’en resta quelques bleus.
Mais ne chante-t-on pas : bleu, bleu, l’amour est… bleus !!!
sentir la morsure, sentir la douleur, accueillir la violence sur son corps, Espiègle Maso nous racontes a merveille cette part si forte de notre être. Et puis le bonheur de regarder les souvenirs sur la peau comme une magnifique photo...
COMMENTAIRE D'AXELLE DE SADE
L'espiègle maso a attendu plusieurs mois avant de me restituer ce compte-rendu. Je vais donc compter les jours de retard en vue de lui infliger la punition qu'il convient lors de notre prochaine entrevue, ce mercredi. Cette fois-ci, il m'a fait parvenir une jolie robe en latex qui pourrait m'attendrir et me conduire à faire preuve d'indulgence... Non, je plaisante
Cette dernière session était une session longue, plusieurs heures mêlant séquestration et impact. Le maso a besoin d'être bien battu pour se revigorer et affronter les affres de sa vie souvent stressante.