J’ai pris rendez-vous avec Maîtresse aXelle de Sade il y a une dizaine de jours. J’avais lu en détail son site ; et y avais vu une personnalité empreinte de franchise, déterminée, généreuse, imaginative et pleine de fantaisie, douée d’empathie et de beaucoup de vitalité (si, si, j’ai vu tout cela) – et j’avais très envie de la rencontrer.
J’aime bien le quartier de la gare de l’Est. Ce n’est pas le plus bel endroit de Paris mais, paradoxalement, c’est calme et la rue où la rencontrer semble presque retirée. Maîtresse aXelle est professionnelle et ponctuelle, envoyant emails et textos sobres, informatifs et au moment opportun.
Je sonne dès que j’arrive à sa porte, Maîtresse aXelle ouvre, j’entre avec un grand sourire et un « Bonjour Maîtresse » un peu impersonnel. Elle tend sa main, fine et élégante, et j’y pose mes lèvres. « Bienvenue Capucine» me dit-Elle et, comme je reste sans réaction, « Bienvenue Capucine» répète-t-Elle ; je sors de mon ahurissement, me mets à genoux et embrasse la pointe de chacun de ses escarpins ; je ne saurai pas si c’est ce qu’elle attendait mais Elle semble satisfaite de ma réaction. Elle m’indique « l’espace » qui m’est attribué (la salle de bains) et m’invite à m’y préparer ; je me déshabille, prends une douche rapide et – tout nu et les mains au dos – me présente au seuil de la Chambre Bleue. Là, Maîtresse aXelle me demande si je n’ai pas prévu une tenue à porter (j’en ai prévu une, et j’ai même tout un matériel dans un sac avec moi, mais je préférais voir venir plutôt que d’imposer mon costume avant d’avoir Ses instructions) et, comme j’approuve, me dit de retourner la mettre, ajoutant qu’Elle la complètera s’il y a lieu. Tout cet échange, d’une voix un peu grave, posée et amène, est charmant ; je retourne dans mon espace et m’habille comme doit l’être à mon avis le personnage que j’incarne (et je n’en dirai pas plus) ; Maîtresse m’accueille, commente avec objectivité et ne modifiera pas ma tenue. Elle a à redire en revanche sur mon pseudonyme car, à Son avis, le « mademoiselle » de « mademoiselle Capucine », est en quelque sorte usurpé (Elle a raison, bien sûr ; mais « mademoiselle » est très féminisant, rend un son sensuel et appelle à une iconographie évocatrice – « sweet Gwendolyne, fameuse « damsel in distress » - et ces raisons rendent son usage agréable à mes yeux) ; toujours est-il que Maîtresse aXelle est La Maîtresse et qu’Elle m’appellera, si Elle souhaite m’appeler, comme il lui plaît.
Maîtresse aXelle m’invite à entendre à genoux ce qu’Elle a à me dire. Ces préliminaires à l’action sont encore un moment délicieux et, tendu vers Elle, je l’écoute attentivement. « Safewords », questions de santé, et trois règles absolues : 1. être un partenaire actif et lisible (pas une « étoile de mer », une expression parfaitement appropriée) ; 2. habiter mon personnage ; 3. prendre mes responsabilités dans le jeu en sachant l’interrompre s’il risque de « tourner » (comme le lait, dirais-je). Nous sommes d’accord, sans que j’ai rien à dire de plus, sur le scénario (bienfait de son insistance à compléter avec soin et détails la « liste des possibles »): 1. L’éducation d’une soumise ; 2. Un test de mes limites.
Puis Maîtresse aXelle m’invite à lui passer Ses bas, des bas clairs et transparents, avec une couture verticale plus sombre et à les fixer à Son porte-jarretelles par trois attaches. Maîtresse aXelle a les plus belles jambes du monde et de très jolis escarpins (que je Lui retire puis Lui remets) ; je m’applique avec mes doigts patauds et Elle me laisse faire sans montrer d’impatience.
Puis nous entrons dans le vif du sujet. En peu de temps, mon cou est emprisonné dans un collier de maintien et je suis lié sur le dos à une planche matelassée verticale à laquelle mes bras, poignets, cuisses, jambes, taille et sommet du crâne sont étroitement sanglés. On m’enfonce un linge dans la bouche, on pose des pinces japonaises sur mes tétons, on tire sur les pinces et on les lie au chevalet, on m’enveloppe le sexe dans de la bande collante (d’où une scène très amusante au moment de la décoller) ; on commence doucement, presque comme une caresse, à me parcourir puis à me frapper tout le corps avec un long martinet, puis à la cravache (si mes souvenirs sont exacts), puis, de plus en plus vigoureusement, avec une canne ou une palette de bois parfaitement rigide, qui vise maintenant et alternativement l’intérieur des cuisses et les tétons. Cela dure, longtemps ; au début, c’est une promenade, puis une épreuve assez aisée, puis une punition ferme, puis une punition insistante, enfin une bonne correction qui se prolonge, puis qu’on interrompt pour un bref repos (et là, je me demande bien sûr si c’est la fin du supplice ou une simple interruption), puis qu’on recommence (car Maîtresse est déterminée, je le savais) en redoublant de vigueur, en répétant les coups toujours aux mêmes endroits. Je crie, je me débats, Maîtresse aXelle ne s’arrête pas, je ne l’interromps pas, elle semble contente, je suis ravi. j’aurai quelques marques pour quelques jours (tant mieux).
Maîtresse aXelle compte maintenant - Elle me l’a annoncé dès le début – m’engoder sérieusement. j’y compte aussi mais mes attentes sont réalistes et je m’attends à une petite confrontation. Avant de passer à l’action, Maîtresse me demande de baiser ses pieds ; j’ai déjà dit comme ses jambes sont belles; sa façon de les déplacer, en de grands mouvements décidés et confiants (comme si tout obstacle à leur déplacement ne pouvait que s’écarter devant elles), est un spectacle réjouissant. Soudain, dans ce qui me semble une initiative spontanée, la Beauté s’expose sans pudeur et, dans une scène que le grand Pasolini aurait aimé tourner, me saisit et urine dans ma bouche. j’en suis stupéfait et, à vrai dire, déstabilisé (je ne devrais pas, tout ce qui s’est passé ce jour-là était mentionné dans ma « liste des possibles ») ; Elle s’en rend compte et répond à ma réaction avec une grande gentillesse.
Installation sur la chaise, on sait à quoi je fais allusion, puis à quatre pattes sur le sol. je ne m’attarde pas sur ces moments intimes qui débouchent sur une heureuse fin.
je dis adieu. je suis ravi, je Lui envoie un texto du bistro voisin pour le lui dire et Elle me répond gentiment – en demandant un compte-rendu dans les prochains jours. je pense déjà à une prochaine fois.
COMMENTAIRE D'AXELLE DE SADE :
Capucine et son joli foulard en soie, old fashion... Se présentant comme expérimentée, j'avais imaginé une rencontre plutôt corsée. Evidemment, les 1ères secondes et minutes de la rencontre sont déterminantes pour le reste de la relation. J'ai une approche qui vise plutôt à inspirer la confiance afin de permettre le lâcher-prise, nécessaire pour partir dans la transe, le subspace et le domspace. J'aime bien le verbe apprivoiser pour qualifier ces premiers moments.
Lentement mais surement, je monte crescendo dans l'intensité de la gestuelle, je descends dans les tréfonds de l'humiliation, je passe l'autre au mixeur et au microscope à la fois pour fouiner au fond de l'autre. Bref, Capucine est passée entre mes mains et je sais ce qu'il lui reste à faire pour aspirer" être" ce qu'elle fantasme.